Série publiée dans le numéro 17 des Cahiers de l'École de Blois : pentes, versants, reliefs.



'Un sol dressé, relevé, que l’on parcourt du regard avant d’entrer dans ses plis et de les circonvenir par la marche. Les horizons se rapprochent. Aux confins de l’étage alpin et de l’étage nival, un peu en dessous de trois mille mètres et aux abords des glaciers, voici la montagne minérale : les écarts thermiques et la luminosité augmentent à mesure que les sols s’appauvrissent et que les signes de vie s’amenuisent. Dans l’épaisse limite des neiges persistantes, au-dessus des brouillards et des nuées, les lichens et les plantes pionnières s’accrochent aux anfractuosités rocheuses. Ces reliefs jeunes et cristallins aux contours hérissés sont façonnés par l’érosion. Le gel les crevasse et les fissure jusqu’à les faire éclater, tandis que la marche des glaciers forme des rimayes, des séracs et des moraines. L’orage et la foudre, les variations de la météo et du climat ne sont que l’aspect le plus spectaculaire, à l’échelle humaine, de ces rapports de force. D’autres vitesses et d’autres rythmes, bien plus lents et compliqués, sont en activité, et les processus sont très nombreux : gravitation, orogénèse, tectonique ; érosion glaciaire, chimique et mécanique ; sédimentation et métamorphisme ; éboulements, chutes et autres glissements.


(...)


Si l’idée nous venait d’emboîter le pas du photographe marcheur et de faire nous-mêmes l’ascension, nous ne serions donc pas « hors du monde », ni au plus près de « la nature » ; mais toujours au milieu des choses et à leur contact, traversés et affectés par leur mouvement incessant. Et d’avoir vu, entre des milliers d’autres, ces quelques images de la montagne, pourrait nous rendre plus attentifs à ces interactions.'


Olivier Gaudin

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